Relooking : Vous reprendrez bien un peu de psychologie ?

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Le conseil en image est souvent réduit à quelque chose de superficiel, à un « truc de bonnes femmes » alors que si celui-ci est bien réalisé, il constitue le début d’une véritable restauration de l’image de l’égo qui peut mener à une prise de confiance en soi libératrice et thérapeutique. On peut « être superficiel par profondeur » selon Nietzsche. L’extérieur a la capacité d’impacter l’intérieur s’il est le début d’un processus  ainsi qu’ inversement bien sûr.

En ce sens, je dois avouer que je suis très déçue du niveau de relooking que l’on nous propose à la télévision en France . Je parle de la France puisqu’en Suisse, on évoque que très succinctement cette problématique dans les médias. Que l’on me comprenne bien, je ne fais en aucun cas le procès de Cristina Cordula que je trouve très sympathique et professionnelle mais je critique le système ainsi que le manque de psychologie illustrés par les deux émissions phare en la matière, à savoir Nouveau look pour une nouvelle vie et les célèbres Reines du shopping.

J’admets n’avoir jamais regardé ces émissions jusqu’à peu, je préfèrais nettement le pendant anglo-saxon de la branche et ai apprécié les premiers What not to wear anglais et américains même si eux aussi avaient leurs défauts, rien que l’impératif négatif en titre nous donne une idée « d’ordres à respecter » qui ne se situe pas dans une logique bienveillante.

Mais, alors que toutes mes connaissances me demandent si je fais comme Cristina Cordula, je me suis mise m’ intéresser à ces émissions, réalisant que celles-ci étaient les références « françaises » pour la majorité dans ce domaine particulier.

Voici les quelques éléments que j’ai trouvé choquants. Dans Nouveau look pour une nouvelle vie, Cristina manque souvent de tact pour traiter des « défauts » des candidates, elle parle de « poitrines plates »,  » culottes de cheval »,  » morphologie à équilibrer » etc…Cela ne serait pas si grave si les gens qui viennent dans ces émissions n’étaient déjà pas bourrés de complexes sans parler des téléspectateurs qui s’identifient.

On peut plutôt parler de « poitrines menues »,  « de formes » et de « morphologie à mettre en valeur »etc… Vous connaissez mon point de vue sur le sujet.

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Les candidates des « Reines du shopping » prêtes à juger.

Quant aux Reines du shopping, je n’ai jamais rien vu d’aussi violent pour les femmes dont on se moque et que l’on singe en permanence dans le commentaire de la voix masculine non seulement mais aussi au travers du concept même qui ressemble presque à un dîner de cons enfin de connes… Les candidates enfoncent le clou en se critiquant en permanence ou en affichant un narcissisme ridicule. Rien dans le pitch de l’émission n’est constructif. Je déplore aussi les fameuses règles intransigeantes de la conseillère en image qui interdit aux épaules carrées par exemple de se mettre en avant. Qui dit que cette carrure est moins belle qu’une autre ?

Bref, il manque de psychologie, d’humanité et de bienveillance. Ces ingrédients, je les retrouve à contrario dans l’ émission américaine de Stacey London Love, Lust or Run qu’elle dirige seule alors qu’elle a coanimé What not to wear US durant plus de 10 ans avec Clinton Kelly . Elle y déplorait aussi un manque de psychologie.

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Stacey London et une candidate faisant face au miroir sans maquillage

Elle a choisi de ne s’occuper plus que de femmes aux looks extrêmes et de confronter leur image au public, posant la question suivante :  » Aimez-vous, désirez-vous ou courrez-vous à la vue de ce look « . En fonction de la réponse,  la conseillère s’adapte à elles avec une finesse magnifique dans le but de les aider dans leur vie personnelle ou (et) carrière.

Avant de passer au shopping, les femmes aux looks proches du déguisement doivent se démaquiller et expliquer pourquoi elles ont choisi de se cacher à ce point, ce moment clé est souvent très émouvant et constructif. La conseillère veille ainsi à révéler leur personnalité et non à les transformer. Elle joue aussi le jeu de la cohérence puisque tous les vendredis, elle poste sur TWITTER une photo d’elle sans maquillage visant à donner au public une image réelle d’elle-même, elle invite ses « followers » à en faire de même pour que le paradigme des « faux-modèles » ne soit plus le dominant.

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Stacey London poste sa photo tous les vendredis sur TWITTER sans maquillage 

Si Stacey London est brillante dans ce qu’elle fait c’est qu’elle donne beaucoup d’elle même. Elle a confié avoir souffert de psoriasis jeune mais aussi de boulimie et d’anorexie. Elle prône le fait que de changer de regard sur soi est la première étape d’un travail beaucoup plus long et profond. Elle a aussi assumé ses particularités en choisissant de ne pas avoir recours à la chirurgie. Vous l’aurez compris, elle est mon modèle de même qu’un modèle de femme cohérent qui lutte pour les femmes et les jeunes femmes au niveau international afin qu’elles puissent toutes avoir assez confiance en elles pour changer le monde.

J’avoue que cela s’avère pour moi plus convaincant que de recevoir des conseils d’une ancienne mannequin botoxée malheureusement réduite à quelques phrases types aussi philosophiques que le « allô  » de Nabilla.

Et, vous, en matière de relooking, vous reprendrez bien un peu de psychologie ?

Love, Lust or Run

Stacey London & son parcours

Styling the life of your dreams